Avis des spécialistes

La planification et la gestion sont un mécanisme de la mise en œuvre de nouvelles méthodes fiables visant  la gestion commune  de l’utilisation et de la protection du bassin versant du lac Sévan.  Le déséquilibre de l’écosystème provoqué par la baisse de 20m du niveau de la nappe phréatique du lac  nous impose la nécessité de concevoir une nouvelle stratégie pour élaborer et  mettre en œuvre  un projet de nouveaux mécanismes de la planification et de la gestion, y compris la limitation légale de l’utilisation des eaux du lac dans les buts de consommation.

Siranouche Mouradian, depuis 2003  Directrice du Département de la gestion des Jardins botaniques de l’Agence de la gestion des bioressources du Ministère de l’Ecologie, pendant son mandat  ont été initiés les projets relatifs à la gestion des ressources naturelles et la lutte contre la pauvreté  soutenus par la  Fondation de l’écologie globale et la Banque Mondiale.  Ses projets prévoyaient également la solution des problèmes relatifs à la gestion du bassin du lac Sévan.

«Depuis l’année 2002,   la gestion de l’eau nous a permis  d’enregistrer une augmentation du niveau de  la nappe phréatique, malgré le fait que les travaux d’épuration avaient débuté dans des conditions extrêmes». Selon l’avis de l’expert, «l’apparition des substances organiques sous l’eau risque de dégrader l’équilibre de l’écosystème».

Rafael Hovhannissian, Directeur de l’Institut d’hydro-écologie et d’ichtyologie de l’Académie Nationale des Sciences de la RA, estime que «l’augmentation du niveau de l’eau du lac Sevan ne peut avoir que des impacts positifs  pour tout l’écosystème. Puisque les eaux du lac représentent 80% des ressources en eau potable et d’irrigation, il s’avère indispensable d’avoir des ressources  aquatiques  supplémentaires. Personne ne peut prévoir dans l’avenir de combien augmentera la température de l’air, et par conséquent quel impact elle aura sur l’évaporation des eaux du lac».

Cependant lors de l’élaboration de la nouvelle stratégie,  il n’avait pas été pris en considération le risque de submersion de plusieurs sites. Suite à une hausse considérable du niveau de l’eau, un territoire de quelque 450 ha s’est trouvé sous l’eau, dont 215 ha constitué de forêts. Selon certaines estimations, en cas de l’élévation du niveau de l’eau de l’ordre de 1,9 m quelque 1.797 ha de terre, dont 1,037 de terrains boisés,  seraient submergés.  Conformément à l’arrêt du gouvernement de l’Arménie, en 2005-2006 une somme de 147 millions de drames a été octroyée pour la réalisation des travaux  du nettoyage du fond du lac de la végétation submergée. Actuellement, 215 ha sont déjà épurés. Comme il a été mentionné dans le rapport du Ministère de l’Ecologie de la RA, «On n’escomptait pas une si rapide hausse du niveau des eaux. Le travail de nettoyage des terrains riverains était initialement prévu pour l’année 2007.»

Vahé Goulanian, écologue du Parc National de Sevan, note « La couche de la terre dans la région de Vardénis a une grande épaisseur, ce qui entrave considérablement les travaux de nettoyage confié à différentes entreprises. Le Parc National de Sevan a reçu seulement  1500 m carré de matière de bois, cependant, il est à noter que dans certains terrains les travaux sont pratiquement irréalisables, en raison d’une hausse rapide du niveau de l’eau, mais aussi faute des ressources financières appropriées».

Bardouk Gabriélian, Directeur de l’Institut de zoologie et d’hydro-écologie de l’Académie Nationale des Sciences de la RA, invite l’attention du gouvernement aux problèmes de reproduction des poissons, en accentuant notamment sur le fait que «Le lac, sauf la carpe lacustre n’a pas d’autres ressources de reproductions. Le lavaret est en voie de disparition. Heureusement, le Ministère de l’Ecologie de la RA avait élaboré un programme, qui prévoyait l’introduction du  fretin de truite dans le but de régénérer sa population». Cependant, les suggestions scientifiques étant négligées, on est amené à faire face à de nouveaux problèmes. «Durant la période de frai, les poissons adultes ont fait l’objet de braconnage en remontant les eaux des rivières. Ce qui veut dire que le gouvernement  gaspille des sommes considérables pour l’acquisition du fretin  aux entreprises privées».

L’élaboration d’un projet approprié  dans le but de la  restauration du bassin versant  du lac Sevan nécessite la prise en compte des éventuelles modifications de chaque chaînon constitutif écologique, en évaluant aussi bien leurs impacts positifs que négatifs et, sur cette base, s’engager dans la réalisation  du projet. Il est à noter que la prise de conscience  de l’envergure des résultats permettrait d’anticiper les risques  éventuels suites à une augmentation ou à une baisse du niveau de l’eau (en fonction des précipitations saisonnières), et permettrait d’éviter les conséquences négatives lors de l’élaboration des projets.

Le présent projet gouvernemental inclue la restauration du niveau de la nappe phréatique du lac Sevan, que l’on pourrait réaliser par la réduction de l’utilisation des ressources en eau à des fins de consommation. La mise en œuvre intégrale  du projet permettra également de rétablir  l’équilibre de l’écosystème.