Les problèmes du lac Sévan
Jusqu’à la première décennie du 20ième siècle, le lac Sévan avait un équilibre écologique naturel avec les fluctuations du niveau des eaux naturelles (près de 1916 m au-dessus du niveau de la mer). Le lac se distinguait par les principales caractéristiques propres aux lacs oligotrophes (qui s’alimentent par les précipitations atmosphériques et contiennent peu de minéraux) parmi lesquelles diaphanéité élevée (en moyenne 14m), forte concentration d’oxygène (au moins de 6.0 mg/l), faible concentration du plancton et réserve optimale de poissons du genre des Salmonidés (truite du lac Sévan) typique aux eaux pures de haute qualité.
Cependant depuis les années 30 pour faire face aux besoins écologiques du pays, pour approvisionner en eau la cascade de la centrale hydroélectrique Sévan-Hrazdan et pour élargir les terres irriguées il a été décidé de procéder à une évacuation supplémentaire des eaux du lac Sévan ce qui a causé la baisse du niveau du lac (près de 20.2 m), la diminution de la profondeur moyennede 41.3 m à 26.5 m et du volume de l’eau de 58.5 milliard m3 à 32 milliard m3. Parallèlement à la baisse du niveau du lac Sévanse sont enregistrés, des conséquences négatives, notamment les processus de l’eutrophisation se sont intensifiés.
Plusieurs mesures d’envergure visant larestauration et la protection de l’écosystème du lac ont été prises. Il a été décidé d’élever le niveau du lac de 6.5 m. Les tunnels Arpa-Sévan, ensuite Vorotan-Arpa ont été construits. Depuis 2002 les volumes de l’évacuation de l’eau ont été réduits. En conséquence le niveau du lac s’est élevé de quelque 3.5 m. Néanmoins actuellementla perturbation de l’équilibre écologique naturel du lac perdure et se caractérise par une instabilité.
Problèmes essentiels
La baisse artificielle du niveau de l’eau a causé les modifications considérables des indices morphométriques, hydrophysiques, hydrochimiques et hydrobiologiques du lac. Notamment:
- hausse de la température moyenne de l’eau (de 2-3°C) et du fond du lac
- réduction considérable du volume de l’hypolimnion (la couche thermique la plus profonde d’un lac) et sa disparition presque totale dans le Grand Sévan
- diminution de la diaphanéité moyenne du lac (degré de pénétrabilité des rayonnes du soleil/indice caractérisant la profondeur)
- réduction de la concentration d’oxygène dissous dans l’eau, surtout dans l’hypolimnion
- réduction de la concentration de phosphore, augmentation de la concentration d’azote, de carbone organique (on constate un déséquilibre des éléments chimiques)
On enregistre les modifications des indices hydrobiologiques suite à la perturbation de l’écosystème naturel du lac Sévan.
- Réduction de la couche et de la biomasse des macrophytes (plantes supérieures aquatiques, facteur important de l’autoépuration des eaux du lac)
- Augmentation de la concentration de phytoplanctons, zooplanctons et bactérioplanctons
- Réduction de l’activité des bactéries hétérotrophes (bactérie hétérotrophe est un facteur important de l’autoépuration des eaux du lac) ce qui a provoqué l’intensification de la prolifération des organismes biologiques polluant l’eau, par exemple la prolifération des cyanobactéries (des colonies d’organismes bactériens unicellulaires, pluricellulaires (filiforme) entraînant la pollution des eaux)
- Réduction de la quantité de poissons (conditionnée également par la surpêche), les réserves de poissons sont presque disparues, pour certaines variétés endémiques la disparition est irréversible
La baisse du niveau du lac Sévan et la diminution de la superficie du lac ont entrainé la réduction de plusieurs espèces d’oiseaux endémiques et migrateurs, ainsi que la modification de leurs variétés.
En général, le statut oligotrophe du lac (relativement pauvre en éléments nutritifs) s’est transformé en mésotrophe (étape transitoire) et eutrophe (relativement riche en éléments nutritifs). Actuellement le lac Sévan se trouve en état mésotrophe.
Les forêts submergées
Durant la dernière décennie à partir de 2002, le niveau du lac Sévan s’est élevé de quelque 3.5 m grâce aux mesures entreprises. Malheureusement les terres submersibles n’ont pas été nettoyées et préparées à la submersion. Par conséquent plusieurs milliers d’hectares de forêts et de buissons se trouvant au bord du lac sont submergés. Actuellement les forêts submergées sont devenues un facteur négatif considérable influençant l’écosystème du lac. La biomasse des forêts submergées remplit l’eau du lac à la suite de dégradation d’une grande quantité des substances biogènes: carbone organique, azote, phosphore etc. qui provoquent l’eutrophisation du lac.
Des eaux usées domestiques
La qualité de l’eau est altérée par le flux incontrôlé des eaux usées domestiques provenant des sites résidentiels du bassin du lac Sevan. Sur une dizaine de villes et villages se trouvant dans le bassin du lac, les stations d’autoépurations des eaux usées ont été construites seulement dans trois villes (Gavar, Martouni, Vardénis). Les systèmes d’épuration manquent également dans les sites récréotouristiques de la région.
Ordures et déchets
Le rejet incontrôlé des ordures ménagères et des déchets des sites résidentiels du bassin du lac ont un effet néfaste sur l’écosystème et la qualité des eaux du lac. Les décharges publiques à gestion centralisée manquent au bassin du lac Sevan, ce qui explique l’existence de plusieurs tassements d’ordures ménagères dispersées dans les territoires attenants au lac. Les déchets industriels et les ordures ménagères se jettent essentiellement dans les rivières et ruisseaux. Les débris des déchets et des ordures pris par le courant des rivières et des flux provoqués par des précipitations apparaissent dans les eaux du lac. En outre, on constate souvent des cas, lorsque les déchets sont directement jetés dans le lac.
Agriculture et élevage
L’écosystème du lac Sevan subit également un certain impact négatif dû à l’agriculture et à l’élevage, qui polluent l’eau par les rejets des déchets et les eaux usées industrielles. Par rapport aux années soviétiques, on enregistre une nette diminution de la superficie des terrains cultivés par irrigation, de l’utilisation des engrais, ainsi qu’une réduction du nombre d’exploitations d’élevage des bovins, ce qui affaiblit considérablement la pression négative sur l’écosystème du lac. Néanmoins, elle continue d’être préoccupante, surtout en raison du manque des hautes technologies.
Industrie minière
Les centrales hydroélectriques
Les facteurs déséquilibrant l’écosystème en général sont les suivants:
- niveau bas du lac
- destruction des forêts submergées et dégradation des éléments nutritifs dans le lac
- flux incontrôlé des eaux usées domestiques des territoires avoisinants du bassin du lac
- flux incontrôlé des ordures et des déchets des territoires avoisinants du bassin du lac
- agriculture et élevage du bassin du lac
- petites centrales hydroélectriques construites sur des rivières du bassin du lac